CDI en imposture
Mon texte navigue entre le français et l’anglais — à l’image de ma réalité, faite de passages entre langues, cultures et codes.
Ce n’est pas une success story à la Olivia Pope ou Michelle Obama. C’est ce qu’il se passe avant les discours inspirants et les looks impeccables.
Un partage honnête de mon vécu intérieur, tel que je l’ai ressenti pendant mes études, et tel que je le vis aujourd’hui dans le monde professionnel.
Dans les espaces francophones, j’aimerais trouver davantage de témoignages de ce type — des voix qui raconteraient, sans détour, ce que l’on vit pendant le parcours. Avant la reconnaissance et les médailles. Avant que l’assurance devienne stable.
Je veux lever le rideau sur ces zones grises : là où l’on avance sans certitudes, où l’on performe parfois la confiance en soi pour continuer à exister dans des espaces élitistes, où il faut créer sa place.
Parce qu’à force de ne montrer que des figures assurées et accomplies, on finit par croire qu’il n’existe qu’un seul chemin valable — et que le nôtre, plus fragile, n’a rien à apporter.
L’idée, c’est de montrer qu’on peut ne pas être impeccable — et être légitime quand même.
Am I a fraud ?
Quelle est la météo interne d’une personne qui se sent compétente, confiante en ses capacités ?
I’d love to slip into their psyche, just for a moment.
See what it feels like.
Because I struggle with this. Every. Fucking. Day.
Et dans cette ère de coaching, d’alignement, d’optimisation de soi, une petite voix me souffle :
Tu n’es pas dans le flow. Tu n’as pas trouvé ton ikigai. Tu n’es pas à ta place.
Ok.
Mais comment la trouver, cette “bonne place” ?
Où est la carte ? La boussole ? Qui a les coordonnées ?
I’m an afrofeminist navigating a white, heteronormative, Christian, male-dominated workplace.
My cognitive style is different.
My cultural background, different.
My social codes don’t echo in the room.
I hear sexist things. Racist things. Often both, in the same breath.
And lately, with the world as it is, it feels like inhaling smog.
I’m mentally exhausted.
I understand — rationally — the systems at play.
The biases. The structures. The symbolic and systemic violence.
But emotionally?
It still feels like the problem is me.
Like I’m the malfunction. Like I’m playing the victim card for being… mediocre.
Weak, even.
Si j’étais vraiment compétente, mon environnement ne m’affecterait pas.
If I were truly competent, I wouldn’t freeze.
I wouldn’t be a messy thinker.
Je sais des choses. Mais je n’arrive pas à les ressortir quand il faut... Pas assez vite, en tout cas.
Most people around me seem to have figured it out — while I, even after years of experience, still feel adrift.
I feel like it’s written all over my face. That you can hear the uncertainty in my voice, see the anxiety in my eyes.
The wildest part?
People say I’m good. Competent. Reliable.
J’ai collectionné les diplômes comme des Pierres d’Infinité.
Des personnes brillantes, que je respecte, m'ont recommandée.
Et pourtant, j’attends le jour où quelqu’un dira :
You don’t know what you’re doing. You duped us. You don’t belong here.
Am I broken? What is it with this stockpile of self-doubt?
And yet — I love to work. I love learning.
My field is stimulating. Versatile.
Challenge makes me feel alive.
I even like climbing into spaces where I’m not expected.
But do I have what it takes to thrive in what feels like rarified air?
Do I have it in me to keep showing up — where no one looks, thinks, or moves like me?
Am I built for this, or just damaging myself in the process — with nothing to show for it?
Il y en a d’autres, pourtant. Pas nombreuses, mais elles existent.
Elles brisent des plafonds de verre. Elles semblent dans leur élément.
La compétence exsude d’elles.
Et je me dis :
Si elles y arrivent, c’est qu’elles le sont vraiment, elles : légitimes et talentueuses.
There’s no way they feel the way I do.
Or do they ?
Am I the only one unraveling like this ?
Cynthia