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Racisme systémique et violences obstétricales de Khady

Qui suis-je suis ?

Je m’appelle Khady, j'ai 31 ans. Je me plais à penser que je suis d’abord une femme. Au cours de ces dernières années et sûrement en raison de mon vécu, je me qualifie en tant que femme noire. C’est important pour moi car j’ai toujours été proche de mes origines. Jusqu’à un certain âge, je vivais dans un monde utopique où j’étais convaincue que ma couleur de peau ne constituerait en rien un frein. Pourtant, c’est assez étrange à la fois car j’ai grandi dans un milieu majoritairement blanc, dans lequel j’ai souvent eu des difficultés à me faire une place, jusqu’à ce que je rencontre au collège, d’autres jeunes filles noires avec qui nous partagions une culture similaire voire commune. Étant issue de deux parents immigrés, je me suis toujours dit que mettre en place les valeurs qu’on m’avait inculquées : des valeurs de bienséance, de travail et de persévérance, devait me suffire à me fondre dans le moule et à m’en sortir sans trop de problème.

Avec la rétrospective, je me rends compte que dans les plus jeunes années j’avais en tête que seules deux catégories de personnes pouvaient subir le racisme : les « étrangers » et les français issus de l’immigration africaine et maghrébine et qui malheureusement tombaient dans la délinquance.

Je n’avais aucune notion du racisme systémique et le simple fait d’être noire, pouvait amener d’autres personnes à faire des projections sur ce que j’étais et sur ce que j’étais censée être. Me définir en tant que femme noire aujourd’hui, me permet de mettre l’accent sur mon individualité et de dire « regardez-moi, je suis intelligente, cultivée, combative, et je sais affirmer mes opinions. Je fais comme la plupart des gens ! Je me lève chaque matin pour aller bosser et gagner honnêtement ma vie. Et je suis une femme noire. » Chaque femme noire que je connais autour de moi l’est elle aussi à sa manière. Et j’ose espérer qu’un jour nous n'ayons plus besoin de l’affirmer car nous serons suffisamment représentées pour ne plus avoir besoin de le faire.


Mon désir de maternité

Je me suis toujours dit que j’aurais des enfants un jour. Depuis que je suis moi-même enfant.

Mais à vrai dire, je me rends compte que ce n’était pas tant une histoire de désir, car lorsqu’on est enfant, on a encore le temps d’observer une évolution dans le temps, et de prendre conscience de ce qui se manifeste ou pas dans l’âge adulte.

Etant issue d’une culture Sénégalo-Malienne, toutes les femmes que je connaissais de près ou de loin avaient des enfants. Et lorsqu’elles n’en avaient pas, on attribuait souvent cela au fait qu’elles n’avaient pas été mariées ou qu’elles n’avaient pas réussi à en avoir... Je n’avais donc pas du tout notion du non désir de maternité, et que cela pouvait aussi faire partie de la vie d’une femme. Disons que je voyais cela comme une suite logique des choses. Je devais forcément un jour me marier, et à mon tour avoir des enfants.

Le vrai désir ne s’est jamais réellement manifesté à moi avant mes 26 ans. Pour moi, accueillir un enfant devait se faire dans les meilleures conditions possibles.

Lorsque le désir se manifeste on le sait, on le ressent ou le vis. C’est un sentiment tellement fort ! On a l’impression de voir des bébés partout, alors qu’on n’y était pas forcément attentif avant. Du moins pour moi, c’est comme cela que ça s’est passé. Je pense aujourd’hui que ce désir ou non, est propre à chaque femme et je conçois que ce que j’ai ressenti à ce moment précis, d’autres femmes ne l’ont jamais ressenti et ne le ressentiront jamais.


15 millions d’aiguilles dans la chair

Pendant ma première grossesse, j’ai vécu ce qu’on peut appeler une grossesse 'classique' avec ses hauts et ses bas. Rien de particulier si ce n’est que j’ai arrêté le travail très tôt. A 5 mois pour être plus précise car mon col était dilaté. J’ai pu durant tout le reste de ma grossesse assister à des cours de préparation à l’accouchement, c’était l’occasion de me recentrer sur ma grossesse. En gros vous l’aurez compris, j’ai préparé l’arrivée de mon enfant comme une future mère lambda. La couleur de peau pour moi n’a rien à voir dans ces choses-là. On attend un bébé, on accouche et puis c’est tout.

5 Octobre 2016 les premiers signes se manifestent. Je suis bien « préparée », mes valises de maternité sont prêtes il ne manque rien. Et j’ai tellement attendue ce jour, je vais enfin faire sa rencontre je suis toute excitée à l’idée de faire la connaissance de cet être que j’ai mis 9 longs mois à fabriquer. Après avoir longtemps marché dans la cours de l’hôpital pour aider le col à se dilater, les contractions se font de plus en plus fréquentes. Je décide alors car j’y ai longtemps réfléchis, de ne pas m’infliger de souffrances inutiles et de bénéficier d’une péridurale. Le travail se prolonge toute la journée, puis une grande partie de la nuit, et les sages-femmes se succèdent dans ma chambre. Enfin… pas que…

J’ai commencé à sentir un malaise dans ma prise en charge à 4heures du matin à peu près, voilà déjà près de 22h00 que je travaille. Et c’est apparemment là que les choses se compliquent, car la sage-femme fait plusieurs manipulations afin d’inciter mon bébé à descendre davantage. Et pour cause, je suis déjà à 10 de dilatation depuis un moment, mais mon bébé ne s’engage pas dans mon bassin.

Et je constate à ce moment-là, qu’il y a plusieurs personnes dans ma chambre. Je ne sais plus exactement combien peut-être 4,5 personnes en plus de la sage-femme. Je ne saurais clairement pas dire qui étaient ces personnes, des stagiaires ? Des infirmiers ? Toujours est-il qu’ils ne semblaient pas faire grand-chose à part être spectateurs, tous là arrêtés devant mon corps en plein travail… J’ai dû finir par dire un truc du genre : « Cela me dérange qu’il y ait autant de personnes qui soit juste là à me regarder ! » Et en effet, leur présence ne semblait pas si requise que ça, puisque tous, à part la sage-femme, ont déguerpi dans une fraction de seconde…

Après cet incident, la sage-femme me met dans une autre position, mais m’annonce que si les choses ne bougent pas, il va malheureusement falloir passer à une césarienne. Je crois que je n’ai pas tellement eu le temps de voir quoi que ce soit venir, car une poignée de minutes après, j’ai vu l’ensemble du personnel entrer dans la salle d’accouchement, et m’annoncer que ma fille était en détresse cardiaque. Il faut opérer au plus vite. Les choses se passent très rapidement. On me passe sur la table à la vitesse éclair, et on me ramène au bloc opératoire. Le chirurgien me fait une piqure. L’anesthésiste à ma tête, m’informe qu’il s’agit d’une rachi anesthésie et que je dois signaler la moindre douleur. Je crois n’avoir pas eu vraiment le temps de lui répondre, que j’ai senti une douleur innommable me traverser de la racine des cheveux à la plante des pieds. Une douleur comparable à 15 millions d’aiguilles dans la chaire. C’était le premier coup de lame. Il restera à jamais gravé dans ma mémoire.

J’ai bien tenté de toutes mes forces de les avertir que j’avais mal, mais je n’ai pas été entendue. Mais le plus inattendu fut la réaction de l’anesthésiste, qui semblait agacée par mes cris de douleur : « Ce n’est pas possible Madame vous ne pouvez pas avoir mal ! » ou encore « Madame calmez-vous on ne peut pas travailler comme ça, c’est pas possible ! »

Je pensais être arrivée à la fin de mon calvaire quand j’ai senti une vive pression sur le bas de mon ventre. Si vous êtes mère, il est possible que vous fassiez partie des 20% de femmes qui ont subi ce qu’on appelle l’expression abdominale. Cette pratique inutile qui a pourtant été fortement déconseillée aux médecins depuis maintenant près de 10 ans. Je pensais que cela n’était nécessaire que lors d’un accouchement par voie naturelle. Plus tard, on m’a dit qu’elle était pratiquée dans les deux cas, mais que quoi qu’il en soit, cette pratique reste controversée, dangereuse et traumatisante pour la mère et le nourrisson. 

J’ai tenté avec le peu que je sentais désormais de mon corps à savoir mes bras, de descendre de la table d’opération. C’est à ce moment qu’on m’a montré ma fille. Devant mes pleurs incessants, et mon refus de lui faire un bisou comme on me demandait de le faire, l’anesthésiste a décidé de saisir un masque qu’elle m’a placé sur le visage pour m’endormir. Ecran noir…

Je me suis réveillée complètement désorientée dans la salle de réveil. Et me suis repassée le malheureux film de cet accouchement que je n’avais pas du tout prévu comme ça. Le rêve d’un accouchement par voie basse dans une chambre entourée d’un personnel bienveillant venait de tomber à l’eau. Puis dans le brouillard des souvenirs de la nuit catastrophique que je viens de passer, me reviennent certains flash-back. Je vois le chirurgien au-dessus de moi dans la salle de réveil

- « Madame, comment vous sentez-vous ? »

- « Désorientée »

« Cela n’a pas été facile j’en suis vraiment désolé mais on avait vraiment pas le choix votre fille allait très mal… Mais tout va bien maintenant et je vous souhaite un bon repos. »


Je suis presque sûr de m’être rendormie aussitôt. Et un autre flash-back cette fois ci c’est la sage-femme qui est la et qui me parle

- « Madame, ça a été très difficile…je suis vraiment désolée ! ... »


10h00. Après avoir réclamée ma fille pendant une heure, je fais enfin sa rencontre. Pendant quelques instants, j’occulte ma douleur. Quelle petite merveille, quelle belle petite fille ! Mon amour que je pensais déjà au max se décuple devant ce petit être innocent. Mon cœur déborde d’amour et de joie et l’espace d’un instant, je me dit que cela en valait vraiment la peine. Mais le bonheur fut de courte durée. Je pense pouvoir dire avec justesse que ça a été mon vrai dernier moment de plénitude avant au moins 2 ans…


De la suite de couche au post-partum

Les chambres doubles sont interdites pour les femmes césarisées. Mais ce jour-là, faute de personnel nous a-t-on dit, je me retrouve à partager ma chambre avec une autre femme. Mais on m’assure que ce ne sera que pour une nuit. D’ailleurs, elle-même m’informe à mon arrivée qu’elle a déjà accouché depuis 5 jours et qu’elle partira le lendemain matin. C’est ce qu’il s’est passé mais personne ne m’avait prévenue qu’une autre femme viendrait me rejoindre. Dès le lendemain, une autre femme fait son entrée dans ma chambre. Elle est comme moi, ce que j’appellerais une femme racisée. Elle semble être migrante, peut-être d’origine Pakistanaise et ne maîtrise que très peu la langue française. Bref, elle a aussi subi une césarienne, et se retrouve en chambre double avec moi…

Durant 4 jours, je n’ai eu que très peu de sommeil. Je me suis retrouvée au milieu d’un conflit qui opposait ma voisine de chambre au personnel hospitalier. Cette dernière avait exprimé son souhait dès la sortie de l’accouchement de ne pas allaiter. Mais les infirmières ne voyaient pas cela d’un très bon œil, et ont donc refusé de lui donner du lait maternisé. Pour se faire entendre, ma voisine laissait donc le personnel de jour quitter les lieux, et cessait de nourrir son enfant la nuit afin de pouvoir obtenir ses biberons. Ma fille et moi étions sans cesse réveillées par les hurlements de son fils. Au bout de 3 nuits, je suis sortie en colère dans le couloir en pleurant et en hurlant que je souhaitais rentrer chez moi. L’infirmière cheffe de nuit (qui avait reçu les transmissions des équipes du jour) est entrée violemment dans la chambre et a ordonnée à ma voisine de chambre de prendre son enfant et de le nourrir au sein.

De mon côté, j’ai été reçu dès le lendemain. Par une femme noire, à qui j’ai décrit mon sentiment. Je n’oublierais jamais ce sourire complice qui s’est affiché si spontanément sur son visage, lorsque je lui ai dit « Je me demande pourquoi c’est avec moi qu’on a décidé de la mettre et pas avec une autre patiente, nous avons pourtant eu toute les deux une césarienne ! ». Clairement, je pense que certaines personnes ont décrété qu’on se supporterait bien l’une l’autre après tout ! D’ailleurs, la famille composée de 2 autres enfants, occupait la chambre toute la journée. Même les enfants qui n’ont qu’un temps de visite limité pour ne pas perturber les nouveau nés et les mamans, étaient là de l’ouverture de la maternité jusqu’au soir sans interruption. Je n’ai vu à aucun moment le personnel faire à la famille un rappel de la règlementation.

Suite à mon entretien, la seule condition pour sortir était que la courbe de ma fille présente une évolution positive car elle avait malheureusement perdu plus de 10% de son poids de naissance. Sortir de cet hôpital était devenu une telle obsession, que j’ai à ce moment-là intégré du lait maternisé pour qu’elle prenne du poids rapidement. Ce qui a eu pour conséquence l’échec de mon allaitement. J’ai fini par sortir le lendemain, après le contrôle matinal qui était concluant. Je pensais que j’irais beaucoup mieux en rentrant. Mais je me suis retrouvée complètement désemparée. Les nuits difficiles, l’allaitement que je tentais de relancer mais qui ne portait pas ses fruits, le traumatisme, la non acceptation de mon nouveau rôle de mère etc… J’ai d’ailleurs oublié mon rendez-vous gynécologique post-natal. Personne ne m’a appelé pour me le signaler.

Peu à peu, je me suis sentie sombrer dans un mal être profond. C’était à peine si je réagissais aux pleurs de ma fille par moment. Je ne me sentais pas heureuse en tant que mère, même si je faisais du mieux que je pouvais. Il y a certes la violence obstétricale, mais parfois l’entourage n’arrange rien.

En tant que femme noire, il n’y avait pour moi aucun « Safe Space » où j’étais libre de pouvoir dire : « Je vais mal !! Je suis traumatisée, je n’investis pas du tout mon rôle de mère comme j’aimerais, je me sens triste en permanence, je suis complètement dépassée par les évènements ». En tant que femme noire, c’est presque inscrit dans mon ADN d’être mère n’est-ce pas ? La première personne à qui j’ai osé en parler, était l’infirmière de la PMI.

- « Je suis toujours étonnée quand je vois des femmes comme vous qui vivent mal leur maternité. »

- « Comment ça ? »

- « Je ne sais pas j’aurais pensé que… Enfin que vous voyez... dans vos pays d’origine, les femmes s’occupent très bien des bébés généralement »

- « Et donc ? »

Pourtant comme n’importe qui, je devenais maman pour la première fois. L’accouchement, les difficultés liées à celui-ci, le nursing ne sont en rien inscrits dans mon code génétique. En tant que femme noire, rien ne me prédisposait à devenir mère, et rien ne m’immunisait non plus, contre une dépression post-partum. Pourtant je l’ai vécu sans jamais avoir le courage de poser des mots sur ce que je vivais. J’avais trop peur du jugement des autres.

Mais cette réflexion pour le moins désobligeante, m’a fait rassembler quelques-unes des pièces du puzzle. Peut-être pas tout de suite ! Au fait, il m’a fallu pour ça traverser ce long désert, et tomber enceinte une nouvelle fois 4 ans plus tard pour tout comprendre.


Poser des mots sur sa souffrance c’est le début d’un nouveau commencement

Pendant trois ans, j’ai cherché à comprendre ce qui m’était arrivé. J’avais adopté une très mauvaise vision de la césarienne de ses impacts sur le plan psychologique, de son déroulement. Je pensais que le post-partum impliquait forcément une dépression et que la maternité était une épreuve pour laquelle je n’avais pas les épaules. J’ai développé des croyances qui ont très gravement impacté mon désir de maternité. Je le clamais haut et fort : je ne veux plus avoir d’enfant !!

J’ai commencé à faire des recherches sur les violences obstétricales basées sur la couleur de peau. Les statistiques et les études ethniques étant interdites en France, je n’ai pas trouvé grand-chose sur le sujet. La seule donnée clairement développée tournait autour de la césarienne. Il apparaissait que les femmes noires représentaient la plus grosse proportion d’accouchement par voie de césarienne. J’ai réussi à réunir sur plusieurs périodes différentes des articles qui mettaient en lumière des sondages réalisés auprès d’afro-américaines. Il apparaissait que les afro-américaines ont trois fois plus de risque de mourir en couche.

Une ancienne collègue de travail, m’a aussi un jour parlé d’une de ses amies qui avait rédigé un mémoire sur la question. Celle-ci grâce à de nombreux témoignages et à des recherches avait réussi à prouver que les femmes noires en France étaient moins entendues que les femmes non racisées lorsqu’elles exprimaient une douleur ou une souffrance au cours d’un accouchement. Le lien entre ces différentes données ? Selon moi la représentation. "Le mythe de la femme noire pleureuse, et naturellement agitée, qui exagère sa souffrance", d'après Amandine Gay.

J’ai compris que chacun des actes qui avaient été posés à mon encontre depuis la salle d’accouchement jusqu’au bloc opératoire, étaient conditionnées par ce qu’on projetait sur moi. C’est parce que je suis noire, qu’on peut assister à 15 à mon accouchement sans me demander mon avis. Parce que je suis noire qu’on ne m’a pas crue lorsque je criais de douleur. Et parce que je suis noire, que je suis forcément heureuse et épanouie après un accouchement, peu importe à quel point il a été difficile. Ou alors à l’inverse, si je parle trop fort de ma souffrance, je suis forcément une pleureuse ! Quoi qu’il arrive je reste dans mon rôle…

Si j’avais encore des doutes sur mes pensées par moment, tout est devenu clair comme de l’eau de roche lors de ma deuxième grossesse. Cette fois dès le premier rendez-vous au premier trimestre de grossesse, j’ai alerté l’ensemble des professionnels de santé de ma mauvaise expérience. A partir du 7ème mois de grossesse, mon suivi à l’hôpital s’est enclenché. Lorsque j’ai raconté mon histoire à la gynécologue obstétricienne, elle m’a apporté de nouveaux éclairages que je n’avais jamais eus jusqu’ici.

Elle m’a fait savoir que lorsque le corps arrive à dilatation complète, il est fort possible que la Rachi Anesthésie ne puisse plus fonctionner. La péridurale n’étant pas suffisante pour une opération d’une telle envergure, il aurait fallu attendre un peu plus longtemps et s’assurer qu’elle avait bien marchée. (Mais il fallait sortir ma fille à tout prix. Je ne regrette donc pas de l’avoir subi maintenant que c’est fini.) Ce que je déplore le plus, c’est la non prise en compte immédiate de ma douleur, et l’expression abdominale par-dessus le marché ! Pour la première fois, je me sentais comprise et entendue lorsque la gynécologue m’a dit « Ils ont de la chance que vous ne leur ayez pas intenté un procès ! »

J’ai été prise en charge par un corps médical d’un très grand professionnalisme, et grâce à l’orientation de ma gynécologue obstétricienne, j’ai pu bénéficier d’un accompagnement psychologique et personnalisé, et travailler sur mes traumatismes. Grâce à des méthodes telles que l’EFT, j’ai pu préparer l’accueil de ma deuxième fille dans les meilleures conditions.

Je suis aujourd’hui une mère absolument comblée, et je n’ai plus peur de prendre la parole pour parler des sujets qui me dérangent. Mais surtout tant que je serais noire, j’aurais une approche différente lors de mes différentes prises en charge. Je ne serais pas sur la défensive mais je serais plus regardante sur le traitement que je reçois, et que toute personne peu importe sa couleur mérite de recevoir. Je n’invalide en rien la violence obstétricale qui touche toutes les femmes en générale. Je dis simplement qu’il en existe une plus insidieuse, qui prend racine dans la perception que l’on a de nous en tant que femmes noires. C’est pourquoi je n’ai jamais eu le courage de porter plainte, car cela aurait été trop dur à prouver, trop dur à porter en plus de ce que je vivais déjà. Ecrire cet article vient alors en quelque sorte parachever cette thérapie. Elle signe le début de cette nouvelle moi, fière d’être maman malgré les obstacles.


« Je tiens à dédier cet article à K. mon petit diamant du ciel et à son super papa, mon mari qui m’a été d’un soutien sans faille. »


Article de Khady - Instagram