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Être noir dans l’UE : un racisme qui s’est enraciné

Près de la moitié des personnes noires vivant au sein de l’Union européenne sont confrontées au racisme dans leur vie quotidienne.

C’est le triste constat que dresse une enquête de l’ Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, publiée mercredi 25 octobre.

L’étude « Être noir dans l’UE » a été menée entre octobre 2021 et octobre 2022 auprès de 6 800 personnes d’ascendance africaine subsaharienne vivant dans treize pays européens, dont la France. L’enquête révèle notamment que depuis 2016, les comportements racistes ont augmenté au sein de l’Union européenne.

Une population plus exposée aux discriminations en tout genre

Près de la moitié des personnes noires (47 %) disent avoir été discriminées dans les cinq ans précédant le sondage, toutes raisons confondues. Plus d’un tiers d’entre elles (36 %) affirment en avoir subi au cours de l’année précédant l’enquête. Un chiffre deux fois plus élevé que dans l’ensemble de la population, où 17 % des gens disent avoir subi des discriminations au cours de la même période.

Ces chiffres sur les discriminations sont particulièrement élevés en Autriche, en Finlande, et en Allemagne avec, respectivement, 76 %, 66 % et 77 % des sondés déclarant avoir subi des discriminations au cours des cinq dernières années. À l’inverse, la Pologne et le Portugal sont les pays les moins concernés par ce phénomène.

Un racisme qui s’est enraciné depuis 2016

En 2022, 45 % des sondés ont déclaré avoir été victimes de racisme dans les cinq ans précédant l’enquête. C’est six points de plus qu’en 2016, date d’un précédent rapport sur le sujet. Par ailleurs, un tiers (34 %) d’entre eux dit en avoir été victimes dans les douze mois ayant précédé le sondage, ce qui correspond à une augmentation de dix points par rapport à 2016.

Les plus hauts niveaux de racisme ressentis ont été relevés en Autriche, en Allemagne et en Finlande. Ces discriminations raciales ont le plus augmenté en milieu scolaire, au travail, dans la recherche de logement et d’emploi.

30 % des sondés victimes de harcèlement à caractère raciste

« Il n’y a eu aucun progrès en ce qui concerne le harcèlement et la violence raciste », tranche l’enquête. Tout comme en 2016, 30 % des sondés ont déclaré avoir été victimes de harcèlement à caractère raciste. Les catégories les plus exposées sont les jeunes femmes, les personnes ayant un niveau d’études élevé, ainsi que celles portant des vêtements religieux.

L’étude précise que 4 % des sondés ont été victimes d’agressions racistes dans les cinq ans. Sur la base de ces déclarations, la Finlande, l’Allemagne et le Danemark seraient les pays les plus concernés par le phénomène.

Sur la question de leur traitement par les forces de l’ordre, plus d’un quart (26 %) des personnes sondées a déclaré avoir été arrêtées dans les cinq ans précédant l’enquête. Parmi elles, 58 % ont perçu leur arrestation comme du profilage racial, une pratique qui a en partie valu à la France d’être épinglée par l’ONU en mai. Une majorité des sondés (58 %) a néanmoins déclaré avoir été « traitée respectueusement par la police », précise le texte.

Une connaissance des droits et des structures officielles limitée

Selon l’Agence des droits fondamentaux, « 29 % des sondés connaissent des structures d’aide aux victimes de discriminations, soit le même nombre qu’en 2016 ». C’est au Danemark, en Pologne, en France, en Autriche et en Suède que les organismes de promotion de l’égalité sont les mieux connus par les populations d’ascendance africaine.

Les signalements pour discrimination, harcèlement ou violence racistes restent globalement faibles. Seuls 9 % des sondés ayant déclaré une discrimination dans les 12 mois précédant l’enquête ont signalé l’incident ou porté plainte.

Plusieurs appels à renforcer les politiques publiques anti-discrimination

En conclusion de son rapport, l’Agence des droits fondamentaux formule plusieurs recommandations pour lutter contre le racisme au sein des pays de l’UE. Elle appelle à « renforcer la législation anti-discrimination », à « mieux faire connaître les organismes de promotion de l’égalité parmi les personnes d’ascendance africaine ». Elle préconise aussi de « recueillir des données sur l’origine ethnique ou raciale pour évaluer la situation et mesurer les progrès ».

L’organisme européen demande également aux pays membres de développer des « politiques publiques spécifiques » dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, du logement et du système de santé. Et elle appelle à des « mesures concrètes pour prévenir et éradiquer les pratiques institutionnelles discriminatoires » telles que le profilage racial.

Ce n'est pas pour être défaitiste mais je pense que c'est encore une fois à nous de prendre le sujet à bras le corps pour espérer faire bouger les choses.

Le racisme dans le milieu médical

Après avoir lu tout cela, on peut se demander ce qu'il en est dans le milieu médical. D'après le rapport, 9 % des personnes interrogées se sont senties discriminées en raison de leur race lorsqu'elles ont eu recours à des soins de santé. Par rapport à la population générale, les personnes d'origine africaine sont presque deux fois plus susceptibles d'avoir eu des besoins médicaux non satisfaits au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête (9 % contre 5 %).

Appel à témoignages

TQJSN mène une enquête en France (pays où les statistiques ethniques n'existent pas) auprès de personnes noires ayant un utérus. Nous sommes à la recherche de témoignages de personnes qui ont subi du racisme dans le milieu médical : pendant une consultation, à la pharmacie, à l'accueil d'une structure médicale, etc. L'idée est de mettre en lumière l'impact que cela peut avoir sur la santé des victimes.

Contactez-nous à : contact@tantquejeserainoire.com avec l'objet "RACISME MÉDICAL".

Merci.