Ce qu’on retient de la semaine (12/05)
agenda
Les choses à faire ce week-end !
Le 17 mai, retrouvez des intervenantes incroyables pour une table ronde et un live autour de leurs parcours et leurs luttes pour le statut de parent isolé, transmission et postcolonialité !
Dans le cadre de la 5ᵉ édition des Traversées Africaines, on vous recommande chaudement l’exposition "Au-delà du regard" qui aura lieu le 17 mai, qui réunit deux artistes pour une réflexion puissante sur la perception et l’identité.
À travers des regards intenses et des figures marquées par l’histoire, cette expo nous invite à aller au-delà des apparences et à questionner les cicatrices – visibles ou non – qui façonnent notre humanité.
revue de presse
Arabie Saoudite : des femmes migrantes réduites au silence et à l’invisibilité
Un nouveau rapport bouleversant d’Amnesty International tire la sonnette d’alarme sur les conditions de vie inhumaines des travailleuses domestiques kényanes en Arabie saoudite. Recrutées sous de fausses promesses, ces femmes se retrouvent piégées dans un système d’exploitation qui flirte dangereusement avec le travail forcé et la traite humaine.
« Ces femmes se sont rendues en Arabie saoudite en quête d’un emploi pour subvenir aux besoins de leur famille ; elles ont subi des violences indicibles au domicile de leurs employeurs. » —
Irungu Houghton, directeur d’Amnesty International Kenya
Exploitées dans des maisons privées, isolées du monde extérieur, elles travaillent jusqu’à 16h par jour sans repos, vivent sous surveillance, sans accès à leurs papiers ni à leur téléphone, et subissent violences physiques, sexuelles, verbales. Tout ça, dans un silence institutionnel glaçant.
Le plus révoltant ? Ces femmes, souvent ciblées en raison de leur genre et de leur couleur de peau, ne bénéficient d’aucune protection réelle du droit du travail en vigueur dans le pays. Ce que le rapport met en lumière, c’est un racisme structurel et un système de domination patriarcale profondément ancré dans les rouages du travail domestique mondialisé.
Cependant, ces réformes limitées sont largement restreintes à celleux qui sont couverts par le droit du travail saoudien – un droit qui exclut toujours les employé-es de maison. Aujourd’hui encore, ces dernier-es restent soumis-es à des restrictions strictes de liberté : dans la majorité des cas, ils doivent obtenir l’autorisation de leur employeur pour changer de travail… ou même quitter le pays.
En 2023, le gouvernement a mis à jour la réglementation pour mieux encadrer les heures et conditions de travail. Mais sans système d’inspection solide, de suivi rigoureux et de sanctions concrètes, ces règles restent, dans la pratique, vides de sens. Car même si la plupart des abus signalés sont illégaux, ils continuent d’être perpétrés en toute impunité.
📢 On soutient toutes les femmes noires exploitées dans l’ombre, et on n’oublie pas celles qui, même loin de chez elles, continuent de résister, de témoigner et de se battre pour leur dignité. Le silence ne nous protège pas. La lumière, si.
🇷🇪 “Enfants de la Creuse” : une reconnaissance toujours refusée
Encore un mur. Mardi 13 mai, la proposition de loi portée par la députée réunionnaise Karine Lebon pour reconnaître officiellement les préjudices subis par les “Enfants de la Creuse” a été rejetée à l’Assemblée nationale. Une décision qui ravive les blessures, l’indignation… mais aussi la détermination.
Entre 1962 et 1984, près de 2 000 enfants réunionnais ont été arrachés à leur famille pour être envoyés dans des campagnes françaises en déclin, comme la Creuse. Officiellement, on parlait d’« égalité des chances », de promesses d’études et de vacances régulières à La Réunion. Mais la réalité, c’est celle d’un déracinement brutal, de changements de nom, de ruptures familiales, et parfois d’exploitation, de violences et de maltraitance.
Si certains ont eu la chance de grandir dans des foyers aimants, beaucoup ont grandi dans le silence, la honte, le flou administratif. Leur histoire, souvent effacée des récits nationaux, est pourtant celle d’une violence coloniale d’État déguisée en politique sociale.
La proposition de loi visait à reconnaître officiellement ces préjudices et à envisager une indemnisation pour les survivant-es. Rejetée sans débat, sans transparence sur les votes, elle laisse un goût amer. Mais comme l’a rappelé Karine Lebon : “Ce n’est pas terminé, il reste d’autres options sur la table.”
Black queens
L’actu people des femmes noires qui nous inspirent 👑
Licenciée pour avoir défendu l’accès à la connaissance
C’est une page qui se tourne brutalement à la Bibliothèque du Congrès. Carla Hayden, première femme noire à avoir dirigé la plus grande bibliothèque du monde, vient d’être évincée de ses fonctions… par décret présidentiel.
Nommée en 2016 par Barack Obama, Carla Hayden incarne depuis presque dix ans un engagement fort pour la démocratisation du savoir. Bibliothécaire de métier, militante de cœur, elle s’est battue pour rendre la lecture et l’accès à la connaissance plus inclusifs, notamment pour les jeunes, les minorités, les milieux précaires.
Mais ce 8 mai, elle a reçu un mail glaçant : sa mission prenait fin “avec effet immédiat” signé par un responsable de la Maison Blanche. En effet, le message précisait que la décision venait du président Trump, alors qu’il ne restait pourtant qu’un an à son mandat de dix ans, normalement renouvelable.
La raison ? Elle serait “trop woke”, selon une liste noire publiée par l’ultraconservatrice American Accountability Foundation, une liste visant les fonctionnaires fédéraux considérés comme trop progressistes, trop engagés pour les droits civiques, trop libres dans leur pensée. Carla Hayden en faisait partie, et elle a été éjectée.
“Pendant que le président Trump veut bannir des livres et imposer aux Américains quoi lire – ou ne pas lire du tout – la Dr Hayden a consacré sa carrière à rendre la lecture et la quête de savoir accessibles à toutes et tous.” — l’a rappelé le sénateur Martin Heinrich.
Nous tenons à saluer le parcours exemplaire de cette femme, où son éviction est une attaque directe contre le savoir libre, inclusif et émancipateur.
Être grosse et noire avec Kiyémis : "Contre la grossophobie qui nous pousse à détester nos corps"
Dans une série de notes vocales intimes, la poétesse et militante afroféministe Kiyémis partage avec force et douceur son parcours, ses blessures et ses rêves. Un chemin semé d’injonctions, de regards pesants, de silences lourds – mais aussi de mots qui guérissent, de luttes qui rassemblent et de corps qui s’affirment.
“Pendant longtemps, j’ai cru que mon corps n’avait pas sa place.”
Elle revient sur la manière dont la société l’a longtemps poussée à percevoir son corps – un corps noir, un corps gros, un corps politique – comme un “défaut” à corriger plutôt qu’un espace de vie et de joie. Comme beaucoup, elle a dû composer avec des normes de beauté excluantes, apprenant à se camoufler, à se protéger, à garder la tête haute dans une société qui ne laisse que peu de place aux corps hors-normes.
Et pourtant, à 32 ans, Kiyémis danse, elle rit, elle rêve. Elle écrit À nos humanités révoltées, et elle nous offre bien plus qu’un texte : elle nous tend la main, pour rappeler que la dignité ne se mérite pas, elle est inaliénable.
💡 À écouter pour toutes celles et ceux qui ont déjà douté de leur reflet, et qui veulent retrouver, à travers les mots un souffle, une vérité, une lumière.
La série du moment !
💫 Forever : une histoire d’amour Gen Z aussi douce qu’intense
Sortie le 8 mai 2025 sur Netflix, Forever est une adaptation contemporaine du roman culte de Judy Blume, revisitée par la brillante Mara Brock Akil (Girlfriends, Being Mary Jane) et réalisée en partie par Regina King. La série suit Keisha Clark (interprétée par Lovie Simone) et Justin Edwards (joué par Michael Cooper Jr.), deux adolescents de Los Angeles qui retombent amoureux après s’être retrouvés à une fête de Nouvel An.
À travers leur relation, la série explore avec justesse les dynamiques amoureuses de la Gen Z : disputes impulsives, communication digitale et quête d’identité. Elle aborde aussi des thématiques profondes telles que le black love, le cyberharcèlement, les inégalités sociales, et offre une représentation positive des familles noires, loin des stéréotypes habituels.
Forever est une ode à l’amour adolescent à la découverte de soi et à la résilience face aux défis de la jeunesse. Une série à ne pas manquer pour celles et ceux qui cherchent une narration authentique et émotive.
A la semaine prochaine !
Absana, chargée de communication