16 Jul
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Parlons justice reproductive

Tant que je serai noire, est un média associatif qui s'inscrit dans les mouvements de lutte pour une justice reproductive intersectionnelle et inclusive. Ce média est bien plus qu'un podcast qui interroge les fxmmes noires sur leur désir ou non-désir d'enfant. C'est un média qui a pour volonté de parler de justice sociale et économique. Cette notion de justice reproductive a d'ailleurs très bien été expliqué par Amandine Gay dans l'épisode de la saison 2.

S'il y a bien une personne à qui l'on doit l'existence de ce concept c'est Loretta J. Ross.

Un passé lourd qui l'a poussé vers le militantisme

L'activisme de Loretta J. Ross est façonné par son expérience de survivante de violence sexuelle et d'injustice en matière de santé reproductive. À l'âge de 11 ans, Loretta Ross a été violée par un inconnu. À 15 ans, elle a été victime d'inceste d'un membre de sa famille et a donné naissance à son fils en 1969. À 23 ans, elle a été victime d'une stérilisation forcée après avoir utilisé le Dalkon Shield, un dispositif contraceptif intra-utérin (DIU). Elle a été l'une des premières personnes à gagner un procès contre A.H. Robins, le fabricant du Dalkon Shield.


De 1989 à 1990, Loretta J. Ross a été directrice de programme pour le National Black Women's Health Project - aujourd'hui Black Women's Health Imperative - qui est "la première organisation à but non lucratif créée par des femmes noires pour aider à protéger et à faire progresser la santé et le bien-être des femmes et des jeunes filles noires". En tant que directrice de programme, Loretta J. Ross a "coordonné la première conférence nationale des femmes afro-américaines en faveur des droits génésiques".


En 1994, Loretta J. Ross a fait partie du groupe "Women of African Descent for Reproductive Justice" (Femmes d'ascendance africaine pour la justice en matière de procréation), au sein duquel elle a inventé, avec d'autres, le terme "justice reproductive" lors d'une réunion à Chicago, dans l'État de l'Illinois.


C'est quoi la justice reproductive

Selon le collectif SisterSong Women of Color Reproductive Justice, la justice reproductive est "le droit humain de conserver son autonomie corporelle, d'avoir des enfants, de ne pas en avoir et d'élever les enfants que nous avons dans des communautés sûres et durables".

SisterSong est "une organisation nationale à base de membres basée dans le Sud ; notre objectif est de construire un réseau efficace d'individus et d'organisations pour améliorer les politiques et les systèmes institutionnels qui ont un impact sur la vie reproductive des communautés marginalisées".

De 2005 à 2012, Loretta J. Ross a été coordinatrice nationale de SisterSong et en est cofondatrice.


Loretta J. Ross bien plus qu'une militante : une universitaire et une écrivaine

Elle a co-écrit quatre livres sur la justice reproductive :

  • Undivided Rights : Women of Color Organize for Reproductive Justice ;
  • Reproductive Justice : An Introduction ;
  • et Radical Reproductive Justice : Foundations, Theory, Practice, Critique.
  • Son dernier ouvrage, Calling in the Calling Out Culture, est sorti en 2021.

Loretta J. Ross est une universitaire, une écrivaine et une militante de renom qui a passé une grande partie de sa carrière à défendre la justice en matière de procréation. Son travail a contribué à façonner le concept de justice reproductive et la manière dont il s'articule avec d'autres mouvements de justice sociale.


Intersectionnalité, inclusivité et justice reproductive

À la base, la justice reproductive est l'idée que les individus ont le droit de contrôler leur propre corps et de prendre des décisions concernant leur santé reproductive et leur vie. Cela inclut l'accès à une contraception sûre et abordable, à l'avortement et à d'autres services de santé reproductive.


Mais la justice reproductive ne se limite pas aux droits individuels : elle reconnaît que les questions reproductives sont profondément liées aux questions de justice sociale et économique, et que les personnes issues de communautés marginalisées sont touchées de manière disproportionnée par l'oppression reproductive.


Loretta J. Ross est l'une des principales voix du mouvement pour la justice reproductive depuis sa création dans les années 1990. En tant que féministe et militante noire, elle a toujours vu les liens entre la justice reproductive et d'autres mouvements de justice sociale, notamment la lutte contre le racisme, les droits des LGBTQ+ et la justice économique.


Loretta J. Ross a défendu l'idée de l'"intersectionnalité", qui reconnaît que les gens subissent simultanément plusieurs formes d'oppression. Par exemple, une femme noire peut être confrontée à la fois au racisme et au sexisme, et ces deux formes d'oppression sont profondément liées. En reconnaissant ces intersections, nous pouvons mieux comprendre comment l'oppression reproductive affecte les différentes communautés de différentes manières, et travailler pour aborder ces questions d'une manière plus holistique et plus efficace.