19 Mar
4
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La depression - Chronique #3 d'ADT

Je n'ai pas saigné la première fois. Étonnamment, l'absence de cette fameuse tache rouge sur un drap blanc ne m'a pas perturbée. Je retiens surtout la douceur de l'acte, qui déconstruit les mythes d'une première fois douloureuse et désagréable.

Pourquoi certaines femmes de mon entourage semblent-elles minimiser la douleur, voire l'agressivité des hommes lors des premiers rapports sexuels ? Leurs récits sont souvent marqués par un lexique de la peur et de la violence. Je n'ai pas saigné la première fois et ne connaîtrai donc pas la cérémonie de l'exhibition du drap blanc taché de sang.

Mon mariage n'a suivi aucune des traditions soninké, l'ethnie dont je suis issue, car j'ai épousé un homme sénégalais mais pas soninké. Chez les Soninkés, le mariage symbolise avant tout une alliance entre deux lignages ou clans. Une partie de ma famille estimait que je n'avais pas le droit d'épouser cet homme pour des raisons de castes.

J'aurais préféré recevoir leur soutien et leur affection dans mes moments difficiles. Leur opinion m'importait peu, surtout avec le soutien indéfectible de ma mère. Mon père, tiraillé entre tradition et modernité, ne m'avait jamais autant parlé de mes racines, mais a fini par respecter ma décision.

Notre mariage a été scellé religieusement dans la plus grande discrétion, ce qui me convenait parfaitement car je déteste être au centre de l'attention. Je ne me considère pas digne de célébration, me sentant impure en raison de ces abus. Obsédée par la virginité, je trouve réconfort dans le fait que mon mari s'intéresse à la personne que je suis, me qualifiant de gentille et généreuse, me rappelant souvent mon intelligence.

Il est peiné de me voir sous-estimer mon potentiel et souhaite me voir briller, croyant en moi et en mes capacités. Cependant, la dépression ne me lâche pas, me rendant nerveuse, anxieuse, et plongeant mon quotidien dans la tristesse. Je suis envahie par des pensées négatives et incapable de me réjouir d'une bonne nouvelle, toujours convaincue qu'une mauvaise nouvelle n'est pas loin.

Pourquoi alors chercher le bonheur ? Mon mari tente souvent de me convaincre du contraire, surtout quand je rejette ses propositions de sorties, de voyages ou de projets communs. La dépression m'isole, m'enferme sur moi-même par peur d'être déçue, me rend méfiante et parfois paranoïaque. Elle ébranle ma confiance en moi, me disperse et me fait perdre le sens de mes choix.

Rien n'a de sens : ni ma vie, ni mon travail. Elle me plonge dans la mélancolie, me faisant constamment rechercher mon enfance au Sénégal, arrachée par mon départ en France. Mon pessimisme contraste avec l'optimisme éternel de mon mari, qui aime la vie, les gens, son travail et fait preuve d'une générosité et d'un sens de la responsabilité hors du commun.

Avec toutes ses qualités, je sais qu'il sera un excellent père. Quant à moi, je doute encore de ma capacité à être une 'bonne' mère. Devenir maman n'a jamais été mon rêve, mais, malgré la fragilité de ma santé mentale, j'ai envie de porter son bébé. Qui sait ? La maternité pourrait peut-être adoucir mon cœur et me redonner goût à la vie. Après tout, ne dit-on pas qu'elle est la plus belle expérience qu'une femme puisse vivre ?

Je n'ai pas saigné la première fois. Étonnamment, l'absence de cette fameuse tache rouge sur un drap blanc ne m'a pas perturbée. Je retiens surtout la douceur de l'acte, qui déconstruit les mythes d'une première fois douloureuse et désagréable.

Pourquoi certaines femmes de mon entourage semblent-elles minimiser la douleur, voire l'agressivité des hommes lors des premiers rapports sexuels ? Leurs récits sont souvent marqués par un lexique de la peur et de la violence. Je n'ai pas saigné la première fois et ne connaîtrai donc pas la cérémonie de l'exhibition du drap blanc taché de sang.

Mon mariage n'a suivi aucune des traditions soninké, l'ethnie dont je suis issue, car j'ai épousé un homme sénégalais mais pas soninké. Chez les Soninkés, le mariage symbolise avant tout une alliance entre deux lignages ou clans. Une partie de ma famille estimait que je n'avais pas le droit d'épouser cet homme pour des raisons de castes.

J'aurais préféré recevoir leur soutien et leur affection dans mes moments difficiles. Leur opinion m'importait peu, surtout avec le soutien indéfectible de ma mère. Mon père, tiraillé entre tradition et modernité, ne m'avait jamais autant parlé de mes racines, mais a fini par respecter ma décision.

Notre mariage a été scellé religieusement dans la plus grande discrétion, ce qui me convenait parfaitement car je déteste être au centre de l'attention. Je ne me considère pas digne de célébration, me sentant impure en raison de ces abus. Obsédée par la virginité, je trouve réconfort dans le fait que mon mari s'intéresse à la personne que je suis, me qualifiant de gentille et généreuse, me rappelant souvent mon intelligence.

Il est peiné de me voir sous-estimer mon potentiel et souhaite me voir briller, croyant en moi et en mes capacités. Cependant, la dépression ne me lâche pas, me rendant nerveuse, anxieuse, et plongeant mon quotidien dans la tristesse. Je suis envahie par des pensées négatives et incapable de me réjouir d'une bonne nouvelle, toujours convaincue qu'une mauvaise nouvelle n'est pas loin.

Pourquoi alors chercher le bonheur ? Mon mari tente souvent de me convaincre du contraire, surtout quand je rejette ses propositions de sorties, de voyages ou de projets communs. La dépression m'isole, m'enferme sur moi-même par peur d'être déçue, me rend méfiante et parfois paranoïaque. Elle ébranle ma confiance en moi, me disperse et me fait perdre le sens de mes choix.

Rien n'a de sens : ni ma vie, ni mon travail. Elle me plonge dans la mélancolie, me faisant constamment rechercher mon enfance au Sénégal, arrachée par mon départ en France. Mon pessimisme contraste avec l'optimisme éternel de mon mari, qui aime la vie, les gens, son travail et fait preuve d'une générosité et d'un sens de la responsabilité hors du commun.

Avec toutes ses qualités, je sais qu'il sera un excellent père. Quant à moi, je doute encore de ma capacité à être une 'bonne' mère. Devenir maman n'a jamais été mon rêve, mais, malgré la fragilité de ma santé mentale, j'ai envie de porter son bébé. Qui sait ? La maternité pourrait peut-être adoucir mon cœur et me redonner goût à la vie. Après tout, ne dit-on pas qu'elle est la plus belle expérience qu'une femme puisse vivre ?

Signé : ADT