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Mais moi je voulais avoir des enfants…

Tata Lyne est une femme forte et indépendante de 70 ans qui a un sacré caractère et n’a besoin de personne. Du moins en apparence.


Pendant longtemps je me suis demandée pourquoi ma tante était seule sans enfant, sans jamais oser poser la question. Je ne connais pas bien son histoire malgré que je la voie tous les dimanches au déjeuner familial. Mais petit à petit les langues se délient et voici ce que j’ai appris :

Tata Lyne a vécu presque toute sa vie d’adulte en Afrique, entre la Guinée et le Sénégal. Elle est tombée amoureuse d’un haut gradé militaire avec qui elle a vécu une histoire pendant 10 ans. Ce monsieur était souvent en déplacement du fait de son métier, mais surtout, il était très marié. Elle ne l’a su qu’à son décès. L’histoire ne dit pas si elle a vécu d’autres histoires d’amour mais celle-ci était celle qu’elle espérait transformer en mariage heureux ET fécond. Ce monsieur ne lui a jamais demandé sa main et elle ne s’est jamais autorisée à concevoir un enfant hors mariage.

J’ai eu l’occasion d’en parler avec elle car, comme beaucoup de tatas africaines je suppose, depuis mon mariage elle me harcèle un peu avec la question « Quand est ce que vous faites des bébés ? »


Je lui ai confié que ce n’était pas notre projet….immédiat. Lui dire que ce n’était pas notre projet tout court lui aurait sans doute provoqué une crise cardiaque. De confessions en confessions, on en est arrivé là, à cette phrase qu’elle a prononcé : « Mais moi je voulais quand même avoir des enfants »


A 70 ans, Tata Lyne, avouons-le, est triste de ne pas avoir ses enfants à elle. Elle est entourée de neveux et nièces, des enfants de ses neveux et nièces mais malgré ça, le vide est immense pour elle. Quand ma mère lui dit qu’elle part en voyage avec moi, qu’elle a reçu un cadeau de ma part, qu’elle s’est fait dépanner pour son téléphone après une séance cocooning Mère-fille, ça pique Tata Lyne. Des réflexions et des taquineries suivent souvent le récit des moments partagés entre ses sœurs et leurs enfants. Pourtant elle est pleine d’amour, mais aussi pleine de chagrin. Parfois l’un prend le pas sur l’autre.


Elle n’a jamais remis en question ce que sa culture et la société lui ont imposé ; se marier PUIS faire des enfants. Nous l’appelons notre petite maman et pensons à elle pour la fête des mères, mais visiblement ça ne suffit pas, le chagrin restera.


Encore aujourd’hui, par les questions qu’elle me pose, par ses souhaits qu’elle projette sur moi, par les jugements induits dans ses réflexions, tata Lyne ne questionne toujours pas notre culture et la société. Ou peut être a-t-elle peur que moi aussi, je regrette de n’avoir eu des enfants « à temps »

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