Retranscription de l'épisode sur l'état des lieux

Introduction du podcast
Douceur, émotion, coconing sont des mots que vous utilisez pour décrire votre mood quand vous écoutez Tant que je serai noire. Si vous êtes à cours d'infusion, de chocolat ou de miel pour vous mettre encore plus dans ce mood, faites un tour sur l'e-shop tant que je serai noire, vous pourrez soutenir le média et des marques portées par des femmes inspirantes.
Je ne veux pas peut-être faire d'enfants parce que ce n'est pas quelque chose que je sens dans ma chair.
Je sais pertinemment qu'aujourd'hui, à 31 ans, je ne veux pas, mais j'ai peur du réveil plus tard. S'il y en a un.
Le sentiment que j'ai toujours eu c'est que quand j'aurais 20 ans, j'aurais une fille, je l'appellerai Margaux.
Par contre, je n'avais aucune intention de porter un enfant et qui là maintenant est d'autant plus officiel que j'ai donc subi une hystérectomie...
Je peux en parler parce que je suis enceinte d'un deuxième enfant. Mais ça a été très compliqué en fait de réfléchir ce désir. Il y a cette idée qu'une famille idéale c'est deux enfants.
Je suis Tsippora host du podcast Tant que je serai noire, serai-je mère ? Le podcast qui invite anonymes, psys et militant·es à s'interroger sur le désir ou non désir d'enfant.
Intro de l'épisode
Le 14 novembre 2022, l'association Boitaqueer nous a accueilli à la galerie du Montparnasse dans le cadre du Festival des fiertés.
Merci à l'association Boitaqueer, et plus précisément à Julianna pour l'invitation et l'organisation. Nous avons fait un enregistrement live sur les parentalités queer et noire en France.
Lors de mes recherches pour préparer l'épisode, je suis tombée essentiellement sur des ressources anglophones. Et là, en fait, je me suis dit qu'il était temps d'amplifier les voix sur le sujet en France. Et pour cela, j'ai reçu à mon micro Audrey et Kouéton.
Dans cette première partie, nous avons fait un état des lieux des homoparentalités queer et noires de France.
Début de l'épisode
Audrey
Bonsoir à toutes et tous. Merci d'être venu·es moi, c'est Audrey. J'ai 40 ans et euh je suis parent de deux enfants qui ont respectivement 18 et 8 ans.
Mes pronom c'est elle, je me genre au féminin et voilà.
J'ai une association, mais je pense qu'on en parlera au fil de la conversation qui s'appelle Sorore ensemble et aussi je blogue sur mon blog perso que j'ai créée il y a quelques années, qui s'appelle Day by Audrey, où je parle de toutes les dynamiques. d'être une femme noire en France, lesbienne parent. Euh voilà quoi donc il y a beaucoup de choses à dire.
Kouéton
Ok moi c'est Kouéton, j'ai 31 ans, dans la vie de tous les jours, je suis chef de projet dans le digital mais à côté de cela, je suis aussi fondateur d'un groupe qui s'appelle l'Agenda Paris et on en reparlera un peu plus tard. Mais je vais juste teaser un tout petit peu l'objectif de l'Agenda Paris, c'est de créer des événements, en tout cas à thématique afro, en direction de la communauté noire LGBT.
Donc voilà. Et pour mes pronoms c'est il/lui. Et euh je suis célibataire, soit dit en passant (rires)
Info très importante !
Et je n'ai pas encore d'enfants, contrairement à Audrey mais le désir est là en tout cas.
Tsippora
Merci pour ces belles présentations. Du coup, c'était important pour moi d'avoir une personne qui est déjà parent, une personne qui, du coup se pose des questions. On aurait aimé avoir une troisième personne qui a fait un parcours de GPA, mais malheureusement elle n'a pas pu être là.
Mais on va essayer de répondre au maximum à toutes ces questions. Kouéton c'est toi le représentant, c'est toi qui va du coup être la personne qui représente Xavier aujourd'hui. Moi, je voulais juste revenir sur quelques chiffres. Donc selon une étude de l'Insee qui date de 2018, 31 000 enfants vivent avec un couple de même sexe, mais peu d'études parle des moyens privilégiés pour fonder une famille, donc on en revient à cette notion de justice reproductive.
Et en fait, quand j'ai fait mes recherches, donc déjà, comme je disais, j'ai eu beaucoup de choses qui venait d'Angleterre, des Etats Unis, j'avais très peu en fait d'éléments qui venaient de l'espace francophone, voire Canada. C'était qu'au Canada que je voyais des études. Et quand je lisais donc j'ai pu comprendre en fait qu'on pouvait parler de deux générations d' homoparentalité si je peux dire ça.
Donc il y a celle·eux qui ont accédé à la parentalité à travers des relations sexuelles, antérieur ou ayant un rapport à la parentalité qui ne rentrent pas dans le modèle nucléaire et occidentalo- centrée. Voilà, et on a d'un autre côté cell-eux qui ont fait appel à la PMA ou la GPA. Donc pour moi, il y a ces deux générations et je voulais du coup avoir votre avis respectif sur cette définition.
Est ce qu'on peut parler du coup de deux générations, c'est trop réducteur ? Est ce que ça s'applique à la France pour le coup? Et peut-être faire le lien avec vos expériences, en fait personnelles. Qui veut commencer ?
Audrey
Hmm, c'est vrai que moi, j'ai un peu de difficulté à à parler de générations parce que euh, je pense que je n'ai pas eu le choix dans le mode de mon entrée en dans la parentalité, parce que au moment où je deviens parents, j'ai vingt-deux ans et euh, je ne me pose pas de questions. En fait, je me dis :Ouais, j'étais avec un homme, donc forcément c'était beaucoup plus simple.
Je me posais pas cette question de de si c'était possible pour moi de de faire un enfant autrement. Dans la mesure aussi, où j'avais très peu de représentations de de personnes noires femmes qui accédaient à la parentalité autrement que dans un parcours e hétérosexuel. dans la mesure où aussi à cette époque là, la question de mon identité sexuelle, même si j'avais des questionnements depuis très longtemps, même si depuis très jeune mon attirance pour les personnes femmes était déjà là.
Mais c'est vrai que c'était très difficile de me "outer" à ce moment là, donc on va dire la question ne s'est pas posée et d'ailleurs quand j'accède à nouveau à la parentalité 10 ans après, je pense que c'est le parcours le plus simple en fait quand tu es une femme, tu veux un enfant? Euh ouais ce parcours hétéro, je pense que ouais c'est c'était une évidence en fait pour moi c'est vrai qu'aujourd'hui avec l'évolution et l'accession à des droits qui a pris quand même du temps parce que j'ai eu le temps de faire deux enfants quand même.
Et si j'étais plus jeune ? C'est vrai que du coup je me poserai la question : de savoir comment j'accéderai du coup à la parentalité ? Donc maintenant il y a la PMA en France. Mais il y a aussi un souci qui me qui est assez important pour moi parce que c'était important pour moi d'avoir des enfants noirs et quand on est une personne noire et qu'on est une femme et qu'on veut des enfants noirs, c'est encore une difficulté.
Donc je ne sais pas si un parcours PMA m'aurait du coup, peut-être que je l'aurais fait. Mais c'est vrai que ça, ça, c'est un parcours quand même qui est assez difficile. Et euh ouais, c'est un peu compliqué quand on rentre en plus dans des spécificités particulières.
Kouéton
Tu penses que tu l'aurais fait le parcours PMA à 22 ans ?
Audrey
Non je pense pas. Je pense que à vingt-deux ans plus e aujourd'hui E Monfils a dix-huit ans j'étais jeune a vingt-deux ans ce ce ce ce se décider à ce parcours là, je pense que c'est un parcours quand même qui demande beaucoup de maturité, courage du temps en fait et e a vingt-deux ans, je pense que aujourd'hui et même avant on pense à d'autres choses parce que même Quand j'ai eu mon fils de dix-huit à vingt-deux ans, on a question.
On a questionné aussi déjà mon choix d'être parent jeune, en fait. Donc euh, ouais, je pense, je pense pas, mais je pense peut-être plus tard si c'était ça avait été accessible, j'y aurais pensé, je pense.
Kouéton
Moi, je n'avais pas forcément pensé à l'aspect génération. Avant que tu ne l'évoque. Mais j'avoue que quand je constate autour de moi en tout cas, la plupart de mes amis qui sont dans la trentaine, voir dans la quarantaine qui sont parents sont devenus parents à travers des relations hétérosexuelles.
Mais par contre, il y a toute une nouvelle génération de nouveaux trentenaires. J'ai envie de dire ou même de quarantenaires aussi qui ont déjà été parent au préalable, mais qui souhaiteraient un peu. Je ne sais pas si je peux dire ça, mais choisir un peu la manière dont ils ont envie d'être parent.