top of page
Rechercher

Homoparentalités noires en France (5/5)

Dernière mise à jour : 1 févr.

Retranscription partie 5 - créer des espaces inclusifs




Intro podcast

Tsippora:

[00:00:00]

Douceur, émotion, coconing sont des mots que vous utilisez pour décrire votre mood quand vous écoutez Tant que je serai noire. Si vous êtes à cours d'infusion, de chocolat ou de miel pour vous mettre encore plus dans ce mood, faites un tour sur l'e-shop tant que je serai noire, vous pourrez soutenir le média et des marques portées par des femmes inspirantes.

Sharone: Je ne veux pas peut-être faire d'enfants parce que ce n'est pas quelque chose que je sens dans ma chair.

Ambre: Je sais pertinemment qu'aujourd'hui, à 31 ans, je ne veux pas, mais j'ai peur du réveil plus tard. S'il y en a un.

Axelle Jah Njiké: Le sentiment que j'ai toujours eu c'est que quand j'aurais 20 ans, j'aurais une fille, je l'appellerai Margaux.

Amandine Gay: Par contre, je n'avais aucune intention de porter un enfant et qui là maintenant est d'autant plus officiel que j'ai donc subi une hystérectomie...

Renée Greusard: Je peux en parler parce que je suis enceinte d'un deuxième enfant. Mais ça a été très compliqué en fait de réfléchir ce désir. Il y a cette idée qu'une famille idéale c'est deux enfants.

Tsippora: Je suis Tsippora host du podcast Tant que je serai noire, serai-je mère ? Le podcast qui invite anonymes, psys et militant·es à s'interroger sur le désir ou non désir d'enfant.


Intro épisode

[00:01:04]

Le 14 novembre 2022, l'association Boitaqueer nous a accueilli à la galerie du Montparnasse dans le cadre du Festival des fiertés.


[00:01:12]

Merci à l'association Boitaqueer, et plus précisément à Julianna pour l'invitation et l'organisation. Nous avons fait un enregistrement live sur les parentalités queer et noire en France.


[00:01:25]

Lors de mes recherches pour préparer l'épisode, je suis tombée essentiellement sur des ressources anglophones. Et là, en fait, je me suis dit qu'il était temps d'amplifier les voix sur le sujet en France.

[00:01:36]

Et pour cela, j'ai reçu à mon micro Audrey et Kouéton.


[00:01:41]

Dans cette cinquième partie, nous avons parlé de la création d'espaces inclusifs pour mieux naviguer dans cette société.


Début épisode

[00:01:49]

Et en parlant de liberté et d'amour c'est un mot que j'aime bien... vous avez tous les deux décidé de créer des communautés, donc que ce soit toi avec Sorore ensemble, et puis ton blog et ton compte Insta. Et toi Kouéton, tout à l'heure, tu as parlé de famille choisie. Dans quelle mesure vous estimez que le concept de famille choisie peut-être, une belle option en fait pour les communautés queer noires en France. Ou est ce que c'est encore une fois un copycat de ce qui se passe aux Etats Unis ?


[00:02:25]

Kouéton: Je pense que le concept de famille choisie, on le dit, on le dit famille choisie, mais en fait c'est par la force des choses, on n'a pas trop de choix que de partir vers des personnes qui vivent les mêmes difficultés que nous.


[00:02:39] C'est plus simple de partir avec quelqu'un qui te comprend que de partir vers quelqu'un qui ne va pas comprendre ce que tu veux dire. Donc le concept, c'est clair que c'est la famille choisie certes, mais ça se fait naturellement en fait. Donc, avec l'Agenda, ce qui est bizarre, c'est que à l'origine ça partait plus d'une frustration.


[00:03:00] Parce que, enfin, il y avait beaucoup d'espaces gay, LGBT, queer et tout, à Paris et tout. Mais moi personnellement, parfois, j'ai envie de me retrouver dans un espace avec mes potes gays ou mes potes lesbiennes et écouter de l'Afro beat, écouter du hip-hop, écouter du Rn'b, avoir une ambiance afro et ça il n'y en avait pas.


[00:03:24] Donc je me suis dit si moi, ça m'agace, de ne pas avoir ça. Il doit avoir d'autres personnes aussi que ça agace de ne pas avoir ça, donc c'est plus parti de là. Et encore une fois pour revenir à ce que je disais, c'est par la force des choses encore que on a créé cette communauté en fait. Donc je pense que le concept de famille choisie, en tout cas dans mes expériences, en tout cas à l'origine, c'est pas forcément, tu ne te mets pas dans la tête. Je vais aller choisir des personnes avec qui je veux construire une famille. Mais le lien se fait tellement

naturellement. C'est tellement fort que je n'ai pas d'autre choix que de vous considérer comme des membres d'une même famille.


[00:04:06] Tsippora: Est ce que tu veux nous en parler un peu plus de l'agenda Paris, ça peut être intéressant.


[00:04:12] Kouéton: En gros, l'agenda paris, c'est un collectif. On est quatre en tout. On a lancé ça, il y a un an de cela. Notre objectif est de créer des événements, à thématique afro. À destination de des noirs LGBT de France ou d'Ile-de-France principalement. Mais on commence petit à petit avoir une portée internationale. Il y a tout le temps des personnes qui ne sont pas de France à chaque édition, qui sont des passagers qui viennent aussi.


[00:04:42] Donc on a commencé avec un afterwork qu'on faisait, qu'on fait toujours du coup tous les premiers jeudis du mois. Et la plupart des gens qui viennent, je n'ai pas encore eu de retour négatif de personnes qui sont venus et qui a dit : "non, c'est une soirée où je ne me suis pas amusé". En tout ncas, la plupart des gens qui viennent, il y a des gens qui viennent par groupe d'amis, des personnes qui viennent toute seule.


[00:05:05] Mais, je suis content, en tout cas, en tant qu'organisateur quand je viens, que je vois des personnes qui ne sont pas venus ensemble mais qui, d'ici la fin de la soirée ont commencé à discuter ensemble, trouver des atomes crochus. Et ça, franchement, c'est l'une des plus grandes fiertés.


[00:05:19] Tsippora: Et depuis peu je crois, septembre vous fait aussi des événements.


[00:05:23] La dernière fois, c'était sur la parentalité exactement. Pourquoi est ce que vous avez choisi aussi d'avoir des espaces de discussion ?


[00:05:31] Kouéton: En fait, quand on a commencé à petit à petit, on s'est dit que c'est clair que l'afterwork c'est un espace un peu plus festif disons. Mais il faudrait aussi des espaces de réflexion et des espaces de discussion et d'échange, parce que déjà, en termes de visibilité, on n'est pas les plus visibles.


[00:05:53] En termes de voix, ce ne sont pas nos voix qui portent le plus, même si on a beau crier plus fort que les autres, d'une certaine manière ça sert à rien parce que on bouche les oreilles, quand on parle en fait. Exactement. Donc enfin l'objectif ce n'est pas de révolutionner le monde, mais en tout cas à notre petite échelle pardon, créer petit à petit des espaces où les personnes de notre communauté, en tout cas, puissent se retrouver en sécurité, pouvoir discuter librement de sujets qui les concernent. Et ça rejoint aussi, ce que je disais tout à l'heure où je parlais de la parentalité, du coup, ou je disais que c'est des sujets qui sont évoqués, furtivement, mais pas vraiment développés. Donc on s'est dit aussi créer ce genre d'espace aussi. Ça permettrait de vraiment développer sur ces différentes thématiques qui nous concernent tous quand même en tant que communauté.


[00:06:46] Audrey: Mais on en parlait avec Tsippora, je sais plus quand, mais en termes d'offres, on va dire sociale, ça va tourner, toujours sur des thématiques un peu plus légères, en fait. Quand t'es queer. Tu vas trouver des endroits pour sortir. Tu vas trouver des endroits pour faire des rencontres. Voilà les choses un peu plus légères. Qui sont très importantes, je ne suis pas en train de dire le contraire. Mais quand on veut rentrer dans les réalités plus... pas sérieuses mais dans les réalités ... plus... qui vont plus loin. Quand on se projette dans des projets parentales ou même quand on est parent. C'est vrai qu'il y'a quasiment rien, en fait. Il n'y a pas d'espace qui existe pour parler de ça. Moi je pense que dans les personnes que je fréquente, je pense que je suis quasiment une des seule personne à avoir des enfants. Donc je ne vais pas parler toute seule. Donc oui, c'est assez compliqué quand [00:08:00] ...voilà.


[00:08:00] Et puis je pense que la parentalité en général dans ces milieux, on va dire queer c'est pas un sujet.


[00:08:13] Kouéton: J'ai l'impression que c'est un sujet, mais tu. C'est à dire que tout le monde enfin, beaucoup de personnes ressentent le besoin, mais ne vont pas vraiment l'exprimer.


[00:08:22] Audrey: Ouais, mais je pense qu'aussi c'est un sujet qui t'exclut en fait parce qu'à partir du moment où tu as un projet parental, ça veut dire que si ça de de de certains lieux en fait, parce que forcément tu vas devenir parent.


[00:08:33] Donc forcément tu vas peut-être pas pouvoir être toujours disponible pour certaines occasions, sorties et puis l'image que revêt aussi la parentalité, en général, c'est pas non plus une image très fun. Et je pense que les gens n'ont pas envie de s'intéresser à ça, tu vois. Je pense qu'il y a une image aussi très festive, alors peut-être que c'est ma vision [00:09:00] aussi de ça. Mais c'est très rare que ... je me présente toujours comme étant un parent, tu vois. Mais il n'y a pas vraiment plus de questionnements sur comment je vis ma vie de parents et de personne lesbienne. Et voilà, et encore une fois j'ai la chance de pouvoir être dans ces dynamiques là et d'avoir une vie sociale quand même assez importante.


[00:09:30] Je sors, je vois des gens, je fais des rencontres. Je suis assez active et encore une fois je ne sais même pas pour démontrer. Mais je montre que c'est possible en fait, de ... voilà. Et en fait, c'est toujours ces choses qui sont... qui se jouent, c'est à dire à partir du moment où tu rentres dans une niche, d'une niche, tu es vraiment ... il y a une exclusion en fait. Et comme la [00:10:00] parentalité c'est quand même quelque chose qui prend beaucoup de temps. Forcément tu vas voir moins des amis, tu vas être moins, tu vas pouvoir être moins présente à certaines choses. Et voilà. Et donc c'est ça, c'est ce qui est intéressant quand tu disais tout à l'heure de la famille choisie ou même des communautés.


[00:10:18] C'est là où en fait c'est intéressant de voir qu'est ce qu'on fait en fai