Retranscription partie 4 - Apprendre à se déconstruire

Intro podcast
Tsippora:
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Douceur, émotion, coconing sont des mots que vous utilisez pour décrire votre mood quand vous écoutez Tant que je serai noire. Si vous êtes à cours d'infusion, de chocolat ou de miel pour vous mettre encore plus dans ce mood, faites un tour sur l'e-shop tant que je serai noire, vous pourrez soutenir le média et des marques portées par des femmes inspirantes.
Sharone: Je ne veux pas peut-être faire d'enfants parce que ce n'est pas quelque chose que je sens dans ma chair.
Ambre: Je sais pertinemment qu'aujourd'hui, à 31 ans, je ne veux pas, mais j'ai peur du réveil plus tard. S'il y en a un.
Axelle Jah Njiké: Le sentiment que j'ai toujours eu c'est que quand j'aurais 20 ans, j'aurais une fille, je l'appellerai Margaux.
Amandine Gay: Par contre, je n'avais aucune intention de porter un enfant et qui là maintenant est d'autant plus officiel que j'ai donc subi une hystérectomie...
Renée Greusard: Je peux en parler parce que je suis enceinte d'un deuxième enfant. Mais ça a été très compliqué en fait de réfléchir ce désir. Il y a cette idée qu'une famille idéale c'est deux enfants.
Tsippora: Je suis Tsippora host du podcast Tant que je serai noire, serai-je mère ? Le podcast qui invite anonymes, psys et militant·es à s'interroger sur le désir ou non désir d'enfant.
Intro épisode
Le 14 novembre 2022, l'association Boitaqueer nous a accueilli à la galerie du Montparnasse dans le cadre du Festival des fiertés.
Merci à l'association Boitaqueer, et plus précisément à Julianna pour l'invitation et l'organisation. Nous avons fait un enregistrement live sur les parentalités queer et noire en France.
Lors de mes recherches pour préparer l'épisode, je suis tombée essentiellement sur des ressources anglophones. Et là, en fait, je me suis dit qu'il était temps d'amplifier les voix sur le sujet en France.
Et pour cela, j'ai reçu à mon micro Audrey et Kouéton.
Dans cette quatrième partie, nous avons parlé de déconstruction et plus précisément d'apprendre à se déconstruire pour avancer dans cette société.
Début épisode
Et du coup ma question pour toi Kouéton, c'est par rapport à tout ce qu'on vient de dire justement le rapport à la communauté. Je sais que dans les communautés afro c'est pas évident en fait déjà de ce outer. Mais aussi de parler de parentalité. Comment est ce que toi tu gères en fait, tout ça avec ton entourage ?
Kouéton: Avec mon entourage familial, honnêtement, on n'en parle pas. Ce n'est pas un sujet qu'on évoque du tout. C'est plus avec mon entourage amical, choisi, disons que j'évoque ce sujet de la parentalité, comment je me projette et tout cela. Et pour revenir à ce que tu disais, moi enfin, j'ai une approche différente de la tienne.
Pas la bonne du coup. Ou en gros, c'est vrai que je n'ai pas encore d'enfant, mais quand je me projette, j idéalise beaucoup la famille que je vais avoir... je sens que je idéalise à cause également du regard des autres. Parce que je me dis que si mon enfant à telle chose ou n'a pas de bonnes notes, ou quoi. Les gens pourraient trouvez comme...
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associer... je ne sais pas comment ils feront, mais dans tous les cas, ils trouveront de toute façon un moyen de dire que : c'est parce qu'il est dans une famille homoparentale que voilà, on vous dit... Euh
Audrey: Ouai, mais je pense qu'il faut aussi qu'on se lâche la bride sur ce qu'est l'excellence en fait.
Kouéton: Exactement.
Audrey: Parce que, je pense que c'est trop, ... c'est trop stressant ça, c'est trop engageant dans le sens où on veut cocher des cases.
Et je pense, qu'il faut aussi se faire confiance et se dire que de toute façon, l'échec, faire des erreurs, ça fait partie de la vie, qui que tu sois. Et, cette idée d'excellence partout, c'est pas possible, en fait. C'est pas c'est pas... Je pense que ce n'est pas un but qu'on devrait ....
Kouéton: Ce n'est pas sain surtout.
Audrey: Ouais. Mais je comprends cette recherche parce que je pense que pareille, même quand on devient parent, on a cette idée d'enfant idéal, le plus beau bébé. Et puis quand il va à l'école, il faut absolument qu'il ait des bonnes notes. Et en fait, tu te rends compte que l'enfant il est juste lui-même et que tu as beau faire tout ce que tu veux, en fait, à un moment, tu es obligé de lâcher. En fait, il faut lâcher parce que plus tu résistes. Et les résultats ne seront pas là de toute façon, ou même si tu les obtiens, ce sera au détriment de ton enfant, tu vois ce que je veux dire ? Et je pense qu'il faut lâcher cette idée aussi d'enfants. Mais bon, vous l'apprendrez, ou tu l'apprendras quand tu viendras parent, mais parce que je l'ai expérimenté aussi tu vois.
Mais cet enfant parfait, il n'existe pas, en fait. Il faut ce qu'il faut se blinder sur le fait que ...je ne sais pas. En tout cas, cette expérience de parentalité ou même de ma personnalité m'a fait vraiment abandonner, mais tellement de choses sur ce qu'est la réussite ce qu'est le succès, ce qu'est l'excellence, ce qui est l'achèvement, ce qu'est l'accomplissement en fait.
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Parce que la vie est tellement pleine de surprises. Il y a des choses qui arrivent qu'en fait, on ne peut pas se, on ne peut pas se charger de ça en plus, tu vois. Et puis souvent quand on a des enfants tu es en face d'une personnalité et je pense qu'il faut un ...peu comme les plantes en fait, tu vois, tu les laisses pousser. Après tu mets un tuteur parce que bien entendu, tu ne vas pas laisser tomber la feuille tu vois. Tu es là pour guider, en fait. T'es juste là, tu as un guide, un accompagnateur et ce que je dis, en fait. Pour mes enfants, je veux être une accompagnante. Je ne veux pas être autre chose, juste , je les guides, c'est tout.
Tsippora: Et je pense que c'est un niveau de déconstruction, c'est énorme. Du coup, c'est se dire enfin moi m'a tellement mis de barrières, de barrières, de barrières, que du coup pour mon enfant, je ne veux pas de ça, en fait.
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Audrey: Non. Mon fils a eu dix-huit ans, il n'a pas eu son bac et je sais que pour certains parents, avoir le bac c'est genre pfiou. Et il a pas eu son bac.
Je savais parce que où il y a aussi le fait que tu sais quel enfant tu as aussi et parfois il faut juste abandonner quoi tu vois ? Parce que tu te fais du mal à toi, tu fais du mal à l'enfant et il n'a pas eu son bac, il n'a pas eu son bac en fait. Je pense que il faut se lâcher, la bride, en fait. Il faut vivre.
Kouéton: Et je trouve que ce n'est pas forcément un environnement sain pour quelqu'un qui essaie de développer sa personnalité, sa personne aussi, avoir une personne au-dessus de lui qui a déjà un destin pré-destiné, pré-établi, pour lui et qui veut à tout prix que tu rentres dans ces cases là.
Après réflexion, je me dis mais c'est quand même assez bizarre parce que étant une personne gay, ayant grandi dans un environnement où j'étais totalement brimée. On a tout essayé de me guider pour que je parte dans une certaine direction. Je suis toujours parti de la direction dans laquelle je voulais.
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De me dire que quand je me projette en tant que parent, inconsciemment, d'une certaine manière, je ne veut pas directement reproduire exactement la même chose, mais c'est quand même à peu près la même forme de mécanismes.
Audrey: Oui, après, on reproduit aussi ce qu'on a connu, tu vois et malheureusement même les choses qui ont été négatives ou qui nous ont fait souffrir. Comme c'est des choses qui sont familières, on a tendance à les reproduire. Parce que c'est des choses qu'on connait, tu vois. C'est plus facile d'aller vers des choses qui sont familières que d'aller vers quelque chose qui est nouveau et aller vers quelque chose de nouveau, ça bouscule en fait. Et c'est vraiment une lutte. Parce qu'on vit dans ça en fait. Il faut que l'enfant soit comme si, il faut que le parent soit exemplaire. Et c'est vrai que, je pense qu'à mesure que mes enfants ont grandi, je pense que j'ai pas voulu en fait déjà reproduire. Parce que pareil, moi j'étais une enfant brimé, je ne pouvais rien faire. Très très compliquée mon enfance et je pense que ça aurait été un échec pour moi de reproduire ce que j'ai vécu enfant en fait.
Et par exemple avec ma mère... Pour moi, aujourd'hui, c'est une réussite de voir que je lui amène quelque chose de nouveau et quelque chose qu'elle ne connaissait pas et de lui montrer qu'en fait c'est possible d'être dans une famille qui effectivement ne ressemble pas à ... On va dire les familles majoritaires. Mais qu'aujourd'hui c'est possible d'être... d'avoir des enfants, de ne pas avoir de père autour en tout cas voilà, mais d'être dans un foyer où il y a, voilà où il y a l'amour, la liberté, l'expression, en fait.
Je pense que moi, en plus, j'ai vraiment deux exemples vraiment très différents. Parce que quand je vois comment ont évolué mes deux enfants. Quand je vois ma fille aujourd'hui, mais ça n'a rien à voir avec ce que j'ai pu faire disposer mon fils. Ma fille, elle est dans un, elle grandi dans un espace où voilà ...et je la vois, elle est super créative, elle danse, elle dessine, elle chante, elle aime énormément de choses. Et je l'a laisse vraiment s'exprimer sur tout. Et il n'y a pas vraiment de tabou. Elle porte des questions, je lui réponds et c'est une ouverture en fait. Et je pense qu' on devrait se permettre en fait, d'être plus libres.
Kouéton: Je suis d'accord
FIN ÉPISODE
Tsippora: Dans le prochain épisode, nous allons parler de la création d'espaces inclusifs pour mieux naviguer dans cette société.
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