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Diane - Childfree, j'ai fait un don d'ovocytes


Tant que je serai Noire c'est le podcast qui répond à la question Tant que je serai Noire, serai-je mère ?

Tant que je serai Noire ce sont des récits de femmes qui nous parlent de leur désir ou non désir d'enfant.

Un Podcast qui nous montre à quel point les récits des femmes interrogées sont aussi intéressants que les 1000 vies de Maya Angelou.

Je suis Tsippora la créatrice et productrice de Tant que je serai Noire.

Il y a quelques années j’ai découvert l’existence de l’Agence de la Biomédecine, Établissement public relevant du ministère des Solidarités et de la Santé et créé par la loi de bioéthique de 2004.

Alors dans une démarche de don d’ovocytes j’ai découvert que cette agence est notamment chargée d’encadrer les activités liées au don d’ovocytes et de spermatozoïdes et plus largement l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP).

Quelques années plus tard, voilà qu’un de mes épisodes est sponsorisé par cette même agence.

Les dons d’ovocytes progressent mais ils restent cependant encore insuffisants pour répondre à la demande des nombreuses personnes concernées. De ce fait, les délais pour accéder au don d’ovocytes peuvent atteindre plusieurs mois. Ces délais sont encore plus longs pour les femmes noires.

En 2019, 836 femmes ont fait un don d’ovocytes, 2 100 tentatives d’AMP ont été faites à partir d’ovocytes issus de dons pour des couples receveurs (FIV classiques + ICSI + transferts d’embryons) et 409 enfants sont nés suite à un don d’ovocytes.

Tout comme Diane, invitée de cet épisode, vous pouvez faire évoluer cette situation en donnant vos ovocytes.

Diane est une trentenaire issue d'une fratrie de 4 enfants. Elle est la cadette et la seule fille.

Il y a 3 ans, après la lecture de Sorcières de Mona Chollet elle a su qu'elle ne voulait pas d'enfant.

L'année suivante elle tombe sur un épisode de Bliss Stories et découvre le récit d'une femme qui a décidé de faire un don d'ovocyte. Après des recherches supplémentaires, elle découvre aussi qu'il existe une pénurie de gamètes de phénotype noir. C'est alors qu'elle décide de faire un don.


Rares sont les donneuses et plus spécifiquement les donneuses afro-descendantes.

Comment s'est passé le processus de don et pourquoi a-t-elle décidé de faire ce don malgré son non-désir d'enfant ?


Toutes les réponses se trouvent dans l’épisode !

Bonne écoute.


NON-DESIR D’ENFANT PERSONNEL


Comme beaucoup de petites filles et de femmes, je voulais me marier à 25 ans, avoir des enfants, etc. Et puis, justement, à partir de 25-26 ans, j'ai commencé à me poser la question de pourquoi j'ai envie d'avoir des enfants et est-ce que j'ai envie d'avoir des enfants? Parce que j'ai été éduqué à en avoir. Ou personnellement, c'est un choix profond et donc j'ai commencé un petit peu à me documenter, à écouter des podcasts, à lire des bouquins. Et c'est à la suite de la lecture de Sorcières de Mona Chollet que je me suis dit mais en fait, je ne me suis jamais posé la question. Et en me posant la question non, je n'ai pas envie d'être mère en fait. Pour moi, ce n'est pas une fin en soi. Je peux très bien être heureuse sans l'être et j'ai vraiment envie de vivre pour moi, pour mes besoins, dans une relation de couple la plus saine, bienveillante et équilibrée possible, et où il n'y a pas de place pour la parentalité.

Pour moi, la féminité ne rime pas forcément avec la maternité.


NON-DESIR D’ENFANT EN COUPLE

Diane n’est pas la seule à ne pas vouloir d’enfant. Son compagnon non plus ne veut pas d’enfant.

Mon compagnon a toujours eu ce non-désir d'enfant depuis tout petit, depuis toujours.

Donc, effectivement, j'ai fait ma démarche vraiment de mon côté. Ca n'a pas du tout été quelque chose d'imposé par mon compagnon. Pas du tout. Et ça a été un soulagement, finalement, d'arriver au même constat que nous ne désirions pas avoir des enfants chacun de notre côté, que ce soit ensemble ou séparément.

Et donc, du coup, ça a amené à il y a un an, je pense, il m'a fait la plus belle proposition qu'on peut faire, je crois à une femme enfin en tout cas pour moi. Il m'a dit :'Mais en fait, tu devrais peut être arrêter la contraception. Et puis c'est moi qui vais avoir une contraception, donc définitive pour les hommes. Donc il m'a dit voilà qu'est-ce que tu en penses si je faisais une vasectomie et j'ai fait : 'HAN, WOW !' Ah oui j'étais vraiment très émue. Enfin, rien que d'en parler ... j'ai eu les larmes aux yeux.


Non, ce n'était pas une demande en mariage (rires).

J'ai dit : 'Ecoute, si t'es sûr, carrément. Oui, je te je te soutiens dans cette démarche.' Et puis. Et puis, on a fait toutes les démarches ensemble. Il a contacté une clinique et il a commencé du coup son parcours.

Son opération s'est passée début décembre, donc 2020. Moi, à ce moment-là, justement, j'étais dans mon parcours de don. Et moi, j'ai fait du coup une pause parce que je ne voulais pas avoir un moyen de contraception après mon don. C'est pour ça que j'ai mis à peu près quatre mois à faire mon don, sachant que normalement, en un mois, je pense que ça peut être ... on peut faire les cinq rendez-vous et clôturer la démarche.


LES RAISONS DU DON D’OVOCYTES

Pendant que son compagnon décide de faire une vasectomie, Diane murit aussi son projet de don d’ovocytes. Elle revient sur les motivations et les débuts de sa démarche de don.


Donc, moi, ne voulant pas d'enfant, je me suis renseignée. Et puis, en écoutant un podcast qui s'appelait Bliss Stories, il y avait une maman qui avait trois enfants et qui faisait une démarche de don justement, je me suis dit : "Ah ca existe" puisque déjà je n'en avais jamais entendu parler et donc je me suis renseignée. Et puis, j'ai vu que les femmes noires attendaient beaucoup plus longtemps pour avoir un don que les femmes, les femmes blanches. Et j'ai trouvé ça injuste. En fait, j'ai trouvé ça. Je me suis dit c'est pas possible. On est toutes des femmes puis c'est tellement dur pour une femme de renoncer à la maternité ou en tout cas, que ça soit tout un parcours. Et c'est vrai que dans mon entourage, j'ai des amies atteintes d'endométriose ou qui ont des difficultés à avoir des enfants. Et moi, je suis hyper fertile, sans problème. Et là, je me suis dit mais oui, non, mais oui, j'ai envie de faire ça, j'ai envie d'aider, d'aider une femme inconnue, deux ou peut être 3 en fonction, en fonction du nombre d'ovocytes que je pouvais produire. Je me suis renseignée, je pouvais faire mon don, dans la même clinique que lui. Donc pendant que lui faisait sa vasectomie, ses démarches, moi je faisais mes démarches pour pouvoir faire mon don.(rires)

LE PARCOURS DE DON

Le don d’ovocytes est possible pour toute femme en bonne santé âgée de 18 à 37 ans, ayant eu ou non des enfants. Avant de pouvoir procéder au prélèvement des ovocytes, la plusieurs étapes sont à suivre afin de s’assurer que la donneuse est en bonne santé. Diane revient sur ces étapes et sur comment elle s’est sentie tout au long du processus.

Donc j'ai eu un premier rendez-vous qui, est en gros, le rendez-vous d'information et de consentement. Donc là, j'ai eu un médecin biologiste et un généticien au téléphone. Par Zoom. (rires)


Donc, qui ont abordé toutes les questions relatives à la procédure. Donc, j'ai vu avec eux la possibilité de garder ou non mon stérilet. Et l'idée aussi, c'était de faire un point sur, en gros, mon arbre généalogique sur deux générations. Pour voir si dans ma famille il y avait eu plus de garçons plus de filles pour vraiment faire un point génétique. Et aussi bien sur un point sur les maladies génétiques dans ma famille. .


Pour moi, ça devenait concret, en fait. Et puis en plus, c'était, j'allais au boulot en gros la journée parce que malgré le confinement, je continuais à travailler et le soir, j'avais ces rendez-vous qui me mettaient dans une autre réalité. Et je me disais : 'Ça y est, c'est parti. C'est le moment, ça prend forme. Enfin !' Donc, j'étais enthousiaste et j'avais vraiment hâte. Hâte, vraiment, de connaître la suite. Et puis, justement, au premier rendez vous on m'a parlé du consentement, donc. Eh ben là, il fallait que je signe un document, mais il fallait aussi avoir le consentement de mon compagnon, n'est ce pas ? Et là je me suis dit, "comment ca le consentement de mon compagnon, enfin, c'est mon corps, c'est mon corps, mon choix." Bien sûr, j'en ai parlé à mon compagnon, mais s'il n'avait pas été d'accord, je l'aurais fait quand même. Et donc quand on est en couple en fait, il faut que le compagnon soit d'accord aussi et signe ce formulaire, il donne son consentement.


Et après, donc, j'ai eu un deuxième rendez-vous qui était le bilan gynécologique. Donc là, l'idée, c'était de paraître, d'évoquer les antécédents familiaux. Mais vraiment, du point de vue gynéco, c'est à dire est ce qu'il y a eu un cancer du sein, cancer du col de l'utérus, problèmes de thyroïde. Et donc, il a fallu ensuite, en gros, faire une échographie pour évaluer la quantité et la qualité de ma réserve ovarienne. Donc, en gros, c'est le stock d'ovocytes présent dans mes ovaires, savoir s'ils étaient en forme puisqu'ils vérifient .. parce que si, par exemple, j'étais ... si j'étais en sous production, j'ai pas le bon terme. Du coup, on m'aurait dit voilà, votre réserve est vraiment très faible, donc on va plutôt faire à la limite une ponction pour vous parce que vous n'êtes pas en mesure de faire un don puisque vous n'en n'avez pas assez.


Et j'étais hyper, hyper stressée. Oui, j'étais hyper fertile, mais bon, je savais pas si, si mes ovocytes étaient en forme, etc. Donc j'aurais pu être hyper fertile, mais ne pas arriver à terme, au bout. Je n'arrêtais pas de dire c'est bon, tout va bien, ça va ?


Parce que du coup il aurait fallu que j'arrête tout à ce moment-là. Donc quand elle m'a dit : 'Non, tout va bien.' Elle m'a fait ... je me souviens, une palpation mammaire et tout allait bien.


Après ce deuxième rendez-vous, il y a vraiment les examens cliniques et biologiques pour vraiment détecter la présence d'éventuelles du virus. Donc là, c'était hépatite, IST, IVH, toxoplasmose, rubéole, etc. Et deux maladies génétiques. Et là, les deux maladies génétiques, je ne savais pas. Mes parents savent pas, donc. Et en gros, c'était la mucoviscidose et ce qu'on appelle le syndrome du X fragile, donc, c'est, c'est une maladie qui peut causer un retard mental chez l'enfant. Et donc là, j'étais en stress total. C'était ... j'étais là euh, ok, bon j'espère vraiment que ça va aller ... et tout s'est bien passé bien sûr, il n'y avait aucune de ces deux maladies là, mais c'était, je pense, c'était le moment le plus stressant de toute la démarche. C'était même pas. C'était même pas la ponction. C'était vraiment. Est ce qu'il y avait eu des maladies génétiques dans ma famille ?


Ensuite, j'ai eu donc l'entretien avec un psychologue. Oui parce que voilà, ce n'est pas une démarche facile. Donc, l'idée, c'était de savoir vraiment quelles étaient les raisons de mon choix. 'Fin de cette démarche et de ce que ça impliquait. pourquoi je faisais cette démarche-là ? Est-ce que ça me causait un problème de me dire que voilà, il y allait avoir quelque part un enfant qui allait avoir mon patrimoine génétique ? Est-ce que cela ... est-ce que mon conjoint était aussi en accord avec ça ? Mais j'estime que les parents d'un enfant sont les personnes qui l'élèvent. ça ne me causait vraiment aucun problème, je n'étais pas parent de cet enfant, je n'étais juste qu'un, qu'une personne qui avait aidé à la naissance de cet enfant. Donc je me détache de cette future belle personne. ça a duré 15 minutes, c'était très rapide et donc au bout des 15 minutes, elle m'a dit "oui, c'est bon psychologiquement, vous êtes en accord avec votre choix, donc c'est bon. C'est bon je valide je mets un tampon sur le papier."

Donc