Résultats des Législatives - Sursis
Au lendemain du second tour des législatives, j'écrivais ceci :
"Soulagement de voir qu'une partie importante de la société civile française s'est mobilisée et bonne surprise de constater que le Nouveau Front Populaire arrive en tête à l'Assemblée Nationale.
Je suis apaisée après une semaine difficile, car le RN n'a pas la majorité absolue, que ce soit seul ou avec des alliances.
Une joie prudente car le RN progresse fortement à l'Assemblée Nationale.
Une joie teintée de colère car, dès l'annonce des résultats, les dirigeants des partis de droite et d'extrême droite, ainsi que nombre d’éditocrates des médias audiovisuels, continuent d'utiliser le langage de l'extrême droite. Quelle irresponsabilité de mettre sur un pied d'égalité La France Insoumise, prétendument d'extrême gauche, et l'extrême droite.
Une joie inquiète car la parole raciste a été normalisée et banalisée.
Une joie combative car cette bataille a été remportée, mais la guerre n'est pas terminée. Il y a en effet une guerre idéologique en cours, comme s'il n'y avait que deux possibilités : le néo-libéralisme sauvage prétendument universaliste ou le fascisme néo-libéral.
La France doit faire face à des défis sociaux, sociétaux et économiques importants dans les décennies à venir.
Le Nouveau Front Populaire n'a pas reçu un blanc-seing, et c'est à nous de nous politiser et de leur demander des comptes :
- sur la lutte contre le racisme
- sur la lutte pour l'égalité hommes-femmes
- sur le développement de médias de gauche pour contrer les imaginaires d'extrême droite
- sur la lutte contre le néo-libéralisme
- sur la transition écologique
Nous devons être vigilants afin d'éviter que les batailles d'ego et les règlements de comptes, monnaie courante à gauche, ne viennent éteindre le feu que nous avons allumé.
Nous devons rester sur nos gardes car nous avons à la tête de ce pays un homme médiocre, imprévisible et isolé, qui a joué à la roulette russe avec la vie des uns et des autres. Il n'en est pas à son premier coup d'essai et ce ne sera certainement pas le dernier.
Il faut rester mobilisés pour regagner du terrain face à l'extrême droite et pour faire entendre nos voix, nous qui sommes des citoyens français comme les autres.
Aux armes, citoyennes et citoyens."
Depuis, les affaires ont repris leur cours : on prend les mêmes et on recommence.
Le combat entre David et Goliath me vient à l’esprit : comment lutter face aux milliards de Bolloré, Saadé, Arnault, et l'autre avec le projet Périclès ?
Que dire du Nouveau Front Populaire qui n’en finit pas de se déchirer ?
Comment alors prendre soin de soi, en particulier quand on fait partie d’une minorité, dans un tel contexte ?
La notion de self-care, "soin que l'on se prodigue à soi", paraît intéressante.
J'ai tapé ce mot dans le moteur de recherche Google et le premier lien qui s'affiche est "Qu'est-ce que le self-care en relation client ?".
Je suis également redirigée vers Wikipédia avec un encart, traduit de l'anglais, qui contient ceci : "Les soins personnels ont été définis comme le processus d'établissement de comportements visant à assurer un bien-être holistique, à promouvoir la santé et à gérer activement la maladie lorsqu'elle survient."
Les questions suivantes me viennent donc :
- Le recours au self-care favorise-t-il ou inhibe-t-il la prise de conscience des facteurs sociaux et systémiques qui rendent difficile le soin de soi ?
- Le self-care peut-il remettre en question les injonctions et les introjections avec lesquelles nous vivons, ou participe-t-il aux mêmes tendances sans que nous en ayons conscience ?
- Faut-il politiser le self-care ? Si oui, de quelle manière ?
Il est essentiel, je crois, que nous soyons lucides quant aux objectifs des "promoteurs" du self-care, tels que les marchands de produits capillaires et cosmétiques dits ethniques, ainsi que sur les motivations des "usagers".
En effet, pour véritablement prendre soin de soi, ne faut-il pas d'abord s'interroger sur ce que le self-care signifie pour soi ? Cette réflexion doit transcender la simple consommation, les images lifestyle léchées, et les mantras de développement personnel qui nous incitent sans cesse à devenir la meilleure version de nous-mêmes. Après tout, les "consommateurs" ne partagent pas nécessairement les objectifs commerciaux ou idéologiques des "promoteurs".
Attention à ce que le self-care ne soit pas juste un cheval de Troie de l’idéologie néo-libérale.
Il nous faut avoir des espaces où parler sans crainte de jugement ou de répercussions des problématiques que nous vivons, sans devoir entrer dans des explications détaillées qui seraient probablement vaines. Des espaces où s'expriment nos diversités, où nous existons sereinement hors des stéréotypes auxquels nous sommes souvent assignés.
Le self-care doit être compris et pratiqué de manière à ne pas renforcer l'individualisme mais à soutenir un bien-être collectif. Restons mobilisés, prenons soin les uns des autres, continuons à lutter contre les injustices et faisons entendre nos voix.
Article signé : Cynthia